Petit tour dans le Morvan, août 2021

Une fois n’est pas coutume, je commence ce récit par l’histoire d’un petit chat. Il nous a adoptés alors que nous squattions « sa » grange, à Ez-Prés au sud-est du Morvan, le 2ème soir. En fait, c’est la grange de Michel et Odette, mais le chat y a élu récemment domicile, probablement lâchement abandonné par ses maîtres. Car le chat n’est pas un sauvage. Il ronronne en nous massant le ventre et veut absolument dormir avec nous dans la tente. Il lui aura fallu une seule nuit pour nous convaincre Charlotte, Louisette et moi, de signer le contrat d’adoption.

Le lendemain matin, nous l’emmenons chez le vétérinaire avec Odette. Non pucé et en bonne santé malgré une très grande maigreur, sans trop savoir ce qui lui arrive, le chat s’est retrouvé tout d’un coup identifié, castré, vermifugé, sous antibiotiques pour soigner une méchante blessure sur son cou, et sous traitement vitaminé. Il nous attendra une semaine dans sa grange, sous la surveillance d’Odette qui lui donne tous les jours ses traitements et à manger. Nous rentrons de notre voyage sans nos chevaux, mais avec un chat de plus. Je voulais l’appeler Stratus car il est gris, mais personne n’a trouvé ça drôle. Alors il s’appelle Misty.

Le Gîte des Fleurs

Notre voyage débute au Gîte des Fleurs, à Saint-Prix, à deux pas de « La Croisette ». Bon, nous on a fait presque 5 heures de route pour venir, quand même.

Olivier et Martine nous y accueillent dans leur petit « Bivouac », un cabanon en bois sur pilotis au-dessus d’une petite rivière. Olivier est horticulteur : son jardin grouille d’espèces de plantes et d’arbres tous plus magnifiques les uns que les autres. Joubarbes et orpins règnent en maîtres sur les toitures végétalisées. Les chevaux sont parqués à 50m.

Nous avons l’espace pour étaler nos affaires et faire un dernier tri avant de partir. Sur 50 Kg de matériel environ au départ nourriture comprise, nous décidons de ne laisser dans l’OPEL que les deux sacs à dos des filles, la grande réserve de sel et le filtre à eau. Notre liste de matériel n’était donc pas si mauvaise que ça.

L’endroit est parfait : nous pouvons laisser le van en sécurité chez eux pendant notre voyage. Notre rando sera donc une boucle qui nous ramènera au Gîte des Fleurs. A notre retour, nous sommes ravis d’avoir un peu de confort dans le gîte Epilobe, avec des vrais lits, une douche, des toilettes, une table et une cuisine. Nous récupérons aussi les magnifiques bijoux que nous avons achetés à Martine, fabriqués à la main avec des pierres naturelles énergétiques.

Le « Bivouac » du gîte des Fleurs, à Saint-Prix

Les itinéraires équestres du Morvan

Le Morvan est un parc naturel régional situé en Bourgogne. J’y étais allée il y a bien longtemps avec des amis. J’en ai gardé comme souvenir une balade forestière à plat dans un paysage de bocages vallonné. Le Morvan, c’est bien plus que ça. C’est une région de bocages vallonnés grouillant de chemins de toutes sortes, plus ou moins à plat. Ici et là quelques hameaux plus ou moins animés. Des charolaises bien dans leur (trou)peau, accompagnées de leur taureau et leurs petits. Parfois des champs de maïs ou de blé jauni. Des produits du terroir.

Mais le Morvan a surtout quelque chose de génial : des itinéraires équestres balisés et même indiqués sur les cartes IGN, par un tracé trait-tillé bleu (http://morvan-cheval.org/). Et sur ces itinéraires, toujours des sentiers bien larges, absolument aucun obstacle, aucune barrière, très peu de cailloux, et toujours de l’herbe bien verte partout. Pour moi qui n’ai ni le temps ni l’envie de préparer un itinéraire, c’était vraiment pratique. Pas besoin de réfléchir.

D’ailleurs, aucune de nous ne se rappelle vraiment ce que nous avons vu en chemin. Tous les chemins se ressemblent. Le paysage est d’une douce monotonie qui nous permet d’avaler les km en rêvassant. Charlotte marche devant avec Ross, elle nous attend aux intersections. Louisette gère Kára tandis que je ferme la marche, la carte à la main.  Autrement dit : « Passez devant et suivez-moi ». Chacune dans son monde, nous les connectons lors des pauses et le soir, au bivouac. Mes filles sont incroyables, elles sont capables d’avaler des kms sans broncher. Un petit coup de mou ? Un carré de chocolat, et ça repart !

Source : Association pour la Randonnée Équestre en Morvan, http://morvan-cheval.org/

Sapins de Noël

Nous traversons des forêts d’épicéas ravagés par les scolytes parfois entièrement rasées sur des hectares… pour y replanter des épicéas. Les locaux m’expliquent que le Morvan est connu pour sa production de sapins de Noël. On a effectivement vu quelques plantations, mais ces grandes forêts là, ne sont pas des sapins de Noël qu’on a oublié de couper. Ce sont les restes d’une politique datant des années 60 encourageant la plantation massive d’épicéas pour la production de bois. Heureusement, ici et là subsistent quelques authentiques forêts de chênes recouverts de mousse, abritant certainement quantité de fées, d’elfes et autres sorcières.

Nous marchons aussi souvent sur des chemins de campagne. Ils naviguent entre pâtures et cultures et permettent d’accéder en tracteur aux différentes parcelles. Ils sont bordés de part et d’autre par d’épais buissons de ronces et de fougères qui font office de clôture. Beaucoup de ces chemins sont peu parcourus et par conséquent sont en herbe, ce qui rend la progression agréable pour nos compagnons pieds nus et nous dispense de leur mettre des hipposandales.

J’imagine que c’est aux propriétaires des terres d’entretenir ces passages, et franchement, nous sommes impressionnées par la qualité de leur travail : nous n’avons dû rebrousser chemin qu’une seule fois, et encore, c’était sur une variante fait maison du sentier balisé. Une autre fois, le sentier officiel semblait abandonné mais une piste improvisée à travers bois nous a permis d’avancer en contournant quelques arbres couchés. C’était le seul passage un peu « sport » du voyage.

Mon beau sapin, roi des forêts…

Il pleut

Charlotte a parfaitement résumé la météo du Morvan pendant notre séjour : « il pleut au moins une fois par jour ».

Nous avons inventé deux chansons pendant ce voyage. L’une d’elles, sur la mélodie de « 1km à pied, ça use, ça use, 1Km à pied, ça use les souliers » nous a permis de tenir le coup pendant les 6 jours de pluie que nous avons eus : « 1 radiateur, ça sèche, ça sèche, 1 radiateur, ça sèche les habits, 2 radiateurs, ça sèche, ça sèche, 2 radiateurs, ça sèche les chaussures », etc. Je pense que lors des deux première semaines d’août, la météo du Morvan n’avait rien à envier à celle de l’Ecosse ou de l’Islande. Du crachin, la pluie fine à la grosse averse suivie de généreux rayons de soleil, nous avons tout testé. Et je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Tintin et sa capote de voiture. Car la plupart du temps, la pluie attendait sagement que nous ayons fini de mettre nos ponchos pour laisser place au soleil. Forcément, les ponchos sont toujours rangés dans la dernière sacoche qu’on ouvre !

Je ne sais pas l’expliquer, mais finalement nous n’avons monté ou démonté la tente sous la pluie qu’une seule fois. C’était le premier soir, nous avons demandé à des fermiers si on pouvait « squatter » quelque part, nous avons eu droit à un magnifique pré à l’abri des regards. J’apprends ce soir-là que leur gros taureau va bientôt partir en Algérie ou en Tunisie sous forme de steak.

A deux reprises, nous sommes rincées par une énorme averse, celle qui mouille, qui pénètre par toutes les coutures, qui fouette le visage et qui réduit la visibilité à 50m. La plus longue a duré bien 1h30. Heureusement, juste après, le ciel se dégage, il fait subitement très chaud, on peut voir l’évaporation sur le bitume et la végétation. Charlotte décide de s’arrêter là où nous sommes, même si c’est au bord de la route. On savoure le soleil en dégustant du chocolat, le temps que les habits sèchent. Et nous reprenons notre marche, pour constater que 50m plus loin il y avait un super coin pique-nique avec des tables et des bancs pour se poser… Ben quoi, nous nous offrons une 2ème pause, nous l’avons bien méritée.

Les gouttes de pluie sur la tente, vues depuis l’intérieur

Mouches plates

Ross et Kára ont besoin de 2 jours pour « rentrer dans le voyage » : sur les premiers kilomètres, elles ne pensent qu’à brouter, marchent en zig-zag, s’arrêtent, nous bousculent, nous dépassent, nous marchent sur les pieds… avant de prendre un rythme et d’adopter un comportement agréable. Nous choisissons les lieux de pause avec soin, il faut de la bonne herbe bien verte. Facile, il y en a partout. Elles gardent leurs sacoches pour les pauses goûter, mais à midi nous les délestons et leur enlevons aussi la bricole pour qu’elle ne les gêne pas pour brouter. Nos juments restent toujours près de nous, nous les laissons donc libres et ça nous fait une pause, à nous aussi. La nuit, elles respectent le ruban de leur parc, même lorsqu’il n’y a pas l’électricité.

Parfois, en marchant, elles s’arrêtent et écartent les postérieurs. Chez Ross, c’est quasi simultané. Chez Kára, il y a toujours quelques secondes de décalage entre les deux, qui laissent planer le doute sur la réelle intention derrière son arrêt. Mes filles sont très réactives : elles passent rapidement derrière pour soulever leur avaloir qui se trouve juste sur la trajectoire du jet d’urine. Comme ça, au moins, ça ne gicle pas partout !

Nous découvrons le fléau des mouches plates : des trucs qui volent et qui rampent comme des crabes et qui se cachent dans les endroits chauds et humides chez les chevaux : entre les cuisses, sous la queue, entre les tétines. Elles piquent, sucent le sang. Si on les tape comme des vulgaires taons, elles ne meurent pas et semblent même te regarder d’un air défiant « tu ne m’as pas eu » avant de trottiner vers une nouvelle cachette dans un autre repli de peau. Charlotte a trouvé la technique, elle les saisit entre deux doigts, et se sert d’un caillou pour les réduire en bouillie. Là, au moins, c’est sûr, elles meurent. A chaque pose, nous faisons ainsi l’inspection des « parties » de nos juments. Je n’ai pas pris de photos, car sorties de leur contexte, l’image de mes deux filles en train de soulever la queue des chevaux et de passer la main autour de leur anus pourrait être mal interprétée et exploitée.

D’ailleurs, je n’ai pris que très peu de photos pendant ce voyage. Le meilleur appareil photo, c’est celui qu’on a sur soi. Le mien était rangé dans le sac ficelé sur un bât, pas du tout pratique. La prochaine fois, je penserai à prendre une banane.

Les chevaux ont besoin de sel. Nous en transportons avec nous, mais curieusement ils ne le touchent pas. Nous allons chercher un bloc de sel dans un parcs à vaches. Malheur à nous, pile à ce moment-là un 4×4 nous dépasse, freine, recule, et nous demande si nous n’étions pas en train d’exagérer un peu. Penaudes, nous remettons le sel à sa place et pendant les heures de marche qui suivent, je refais 1’000 fois dans ma tête le scénario en imaginant ce que j’aurais pu répondre si j’avais eu une meilleure répartie.

L’appareil photo se trouve sur le bât du cheval qui est tout devant…

Nous attendons le maire

Comme pour tous nos précédents voyages, nous ne fixons pas d’objectif pour la journée, ainsi le matin nous ne savons pas du tout où nous allons dormir le soir. Cela nous laisse libres de s’arrêter en chemin, de ne pas regarder toujours la montre, de profiter pleinement de la marche et du temps qui passe. En fin d’après-midi, nous commençons à ouvrir l’œil et cherchons aussi à remplir nos gourdes pour la nuit. Nous n’avons fait qu’une seule entorse à cette philosophie, l’avant-dernier soir, pour aller passer la nuit chez Gwenaël.

A partir du moment où l’on n’est plus chez soi on est chez quelqu’un d’autre. J’ai un principe auquel je ne déroge pas quand je voyage seule avec mes filles : je ne m’installe pas avant d’avoir demandé l’autorisation au propriétaire. Ainsi, je suis tranquille que l’on ne viendra pas nous déloger au petit matin. Mais dans le Morvan, ce n’est pas très facile de trouver le propriétaire d’un endroit que l’on a vu et qui nous plairait pour bivouaquer. Alors il faut plutôt viser les hameaux, et espérer que l’on nous propose quelque chose de convenable pour ne pas devoir le refuser : du plat et assez d’herbe pour les chevaux.

Anost est le vrai premier village vivant que nous traversons : il y a des commerces et des restaurants. La perspective d’une bonne pizza nous met l’eau à la bouche. Pas loin du centre, il y a un pré qui vient d’être fauché, qui est clôturé, et qui pourrait faire l’affaire. Les voisins disent que c’est le pré de Guillaume, mais Guillaume ne répond pas au téléphone. Peut-être que le monsieur là-bas qui s’occupe de la colonie de vacances, aurait quelque chose à proposer ? Le monsieur nous dit qu’il n’a pas de terrain mais qu’il ne comprend pas trop pourquoi les voisins ne nous proposent pas le pré de Frank, juste là, qui va très bien, eux disent que les chevaux ont tendance à s’enfuir de ce pré. Le monsieur nous dit d’aller voir vers la « mare », qui se trouve en fait être une piscine naturelle avec de la belle herbe qui vient d’être tondue tout autour et à 100m, il y a un camping. Ça ne nous dit rien qui vaille. Nous décidons de remonter vers « les voisins » et de leur demander de rappeler Guillaume, et si cela ne marche pas, nous remplirons juste les gourdes chez eux et nous sortirons du village pour trouver quelque chose plus loin.

Me voici donc devant « les voisins » avec une Nalgène dans une main et la vache à eau dans l’autre, entrain de leur demander si je peux avoir de l’eau. La « voisine » commence à m’expliquer qu’il y avait une fontaine au village mais elle ne fonctionne plus, sinon il y a le lavoir pas loin d’ailleurs c’était un ancien centre équestre nous pourrions aller là-bas, mais sinon elle est désolée elle ne voit pas trop, il faudrait peut-être demander à la mairie… Heureusement, dans un éclair de lucidité, son mari l’interrompt pour dire que s’il n’y a que ces deux récipients à remplir, alors il peut tout aussi bien les remplir au robinet de la cuisine.

Nous avions déjà tiré un trait sur notre pizza en nous éloignant du village. Mais je décide quand même de tourner à gauche, il y a là quelques maisons isolées, nous pourrions aller demander, on ne sait jamais. Nous tombons sur deux hommes d’âge mûr, en bottes et habits de jardinage, l’un deux assis sur une tondeuse. Il nous dit que le chemin est un cul de sac, je lui dis « je sais », et lui explique notre demande. Il me regarde avec de grands yeux et me dit : « plus lentement s’il vous plaît ». Ah ! Des Hollandais ! Il y en a beaucoup dans le Morvan, ils achètent des propriétés qu’ils rénovent et aménagent souvent avec goût. Nous parlons allemand. Au départ il ne sait pas trop comment nous aider, mais pour finir il nous propose un magnifique terrain en contrebas de sa maison, caché derrière une haie, avec de l’herbe qu’il a exprès laissé bien haute « pour les insectes ». Je le préviens que les chevaux risquent de tout piétiner, mais il aura quand même toujours des insectes, ceux des crottins. Nous installons rapidement le campement et le parc pour les chevaux qui broutent tranquillement. Nous retournons à pied à Anost déguster notre pizza.

Quelque part entre Ez-Prés et Anost

En arrivant à Arleuf, nous faisons un bout de chemin avec un couple qui s’est donné comme mission de nous aider à trouver un lieu pour dormir. Je m’attends à quelque chose de simple, car leurs parents sont propriétaires terriens dans le coin. Mais en pratique c’est un peu plus compliqué. Juste à côté du camping, il y a un petit bout de terrain juste parfait pour les juments. Cet après-midi-là nous attendons donc que Monsieur le Maire vienne pour qu’il nous donne son accord, car personne, ni le couple, ni Nicole, la gérante du camping juste à côté n’osent se prononcer. Et aussi parce que dans le Morvan, c’est compliqué de joindre le Maire sur son portable, car il n’y a pas de réseau !

Les chevaux passent la nuit-là, et nous juste à côté dans le camping, afin de remercier Nicole pour sa gentillesse. Ce camping nous laisse quelques souvenirs marquants : le chanteur déchu pot de colle qui nous tient la jambe avec des histoires infinies sans queue ni tête, la collection de toutes sortes d’insectes rampants et luisants dans les sanitaires (nous préférons faire pipi à côté de la tente !), et les tonnes de déchets abandonnés par les gens du voyage, les derniers locataires du camping. Bon, pour 3.22 euros, on ne va quand même pas chipoter ! Ce qui est amusant, c’est que le lendemain, après 23km de marche et aucune place de bivouac à l’horizon, nous atterrissons dans un autre camping autrement plus luxueux, à 30 euros celui-ci, même si nous n’avons profité que des mêmes prestations, à savoir pipi à côté de la tente.

Tire-bouchon

Nous quittons temporairement l’itinéraire balisé qui fait pas mal de détours. Car après quelques petits calculs approximatifs, je réalise que si nous voulons arriver à Saint Prix dans les temps, il faut prendre quelques raccourcis. Nous arrivons au hameau « Les Charmes ». Colette et Bernard nous accueillent dans leur jardin, les chevaux ont un pré avec de l’herbe jusqu’aux genoux et une petite source en contrebas. Leur petit-fils est en ce moment sur le Tour du Mont-Blanc, tout seul. Nous partageons un agréable moment convivial avant de partir, autour d’un délicieux chocolat chaud. Grâce à eux, je découvre une facette de l’histoire du Morvan, celle des nourrices qui, partant à Paris pour allaiter les bébés des aristocrates, permettaient à leurs familles pauvres du Morvan de remplacer le chaume par des tuiles, la terre battue par des briques.

Il est passablement tard quand on part de chez eux, d’autant plus que ce soir-là, nous visons « Les Chaises », à plus de 20km de marche. Bernard et Colette m’avaient prévenue, mais je ne les avais pas écoutés : sur l’itinéraire prévu, il y a un chemin qui n’est plus praticable. Pire encore, dans le pré à côté il y a un pauvre âne avec des sabots en tire-bouchon. Louisette est inconsolable, Charlotte et moi sommes sous le choc.

Nous rebroussons chemin. Nous croisons alors un retraité du village et engageons la conversation au sujet de l’âne. Il me dit qu’il voit ce pauvre âne comme ça depuis des années mais ne sait pas si c’est grave ou pas. Il m’explique que son propriétaire est un commerçant et pas du tout un paysan, qu’il n’entretient pas ses terres ni les sentiers, qu’il fait venir le vétérinaire pour ses chiens (de chasse, je ne peux m’empêcher de supposer), mais jamais pour l’âne. Je lui parle de négligence, voire de maltraitance animale. Il me remercie chaleureusement, il va essayer de faire quelque chose pour aider cet âne.

Des pieds qui n’ont pas été parés depuis bien trop longtemps…

Les jours suivants, je parle de cet âne à tous ceux que nous croisons. Une fois rentrée à la maison, j’appelle la SPA du coin. L’enquêtrice me recontacte avec une bonne nouvelle : l’âne vient d’être paré, images à l’appui. J’annonce la nouvelle à Louisette, le jour de son anniversaire.

Les courgettes du jardin

Nous avons rencontré brièvement Gwenaël en train de s’occuper des sabots de son cheval dans un parc le premier jour. Notre arrivée a créé diversion et elle s’est retrouvée sans sabot dans les mains quand tous ses chevaux sont venus à notre rencontre. Nous avons échangé les numéros de téléphone.

Nous faisons étape chez elle. Elle vient de racheter un ancien gîte équestre déjà bien retapé par les propriétaires précédents, des Hollandais. Elle est marionnettiste. Sa fille fait des études de théâtre, et son petit ami débute prochainement un emploi dans la création de sites internet.

Ross et Kára se partagent 3 hectares de pré avec une source au milieu. Royal. Nous campons à côté de la maison. Ce soir-là, nos spaghettis prennent une tout autre saveur grâce à une délicieuse sauce aux courgettes du jardin, et parce que c’est notre dernier repas en voyage. Il ne nous reste plus que quelques kilomètres le lendemain avant de retrouver le Gîte des Fleurs.

Ce n’est pas chez Gwenaël, mais c’est bien Ross et Kára

« Ahotoune »

Nous arrivons en début d’après-midi au Gîte, après avoir volontairement traîné en route et accordé davantage de pauses broute que nécessaire. A notre arrivée, on se décrasse, on déballe tout, on trie on range. Notre voyage ne s’arrête pas là, nous partons le lendemain pour la Nièvre, avec les chevaux. Il faut donc organiser les affaires intelligemment de manière à avoir sous la main dans la voiture tout ce dont nous aurons besoin pour les deux nuits là-bas. Le sac Ikea contenant notre linge sale embaume toute la pièce. Heureusement, Martine me laisse faire une machine !

Nous sommes tellement efficaces que nous avons encore le temps de rouler jusqu’à la grande ville la plus proche, Autun, pour y faire quelques courses. Charlotte trouve que « Autun » prononcé à la française, c’est moche. Elle préfère dire « Ahotoune ».

Au supermarché, nous sommes sous le charme de tous ces emballages colorés. Notre régime voyage « céréales au lait condensé le matin – pain viande séchée à midi – spaghettis au ketchup le soir » nous a visiblement bien ouvert l’appétit. On fait les courses comme pour le tout dernier repas : 3kg de tomates cerises, de la dinde panée, des patates, des crevettes en entrée, du lait, du pain, des œufs, du lard pour le petit déjeuner… On a tellement chargé le caddy que ça a quelque peu déchargé ma carte bleue. Mais le plus important achat de cette journée, c’est la caisse de transport pour Misty.

Misty, le lendemain de son émigration en Haute-Savoie

Pause sabbatique pour les juments

Iris et Nicolas sont agriculteurs dans la Nièvre. A deux, ils gèrent 230 ha de terres, 200 têtes de bétail (Principalement du Charolais et quelques croisement Charolais – Blonde d’Aquitaine). Ils ont deux filles, 3 chiens, 2 chats, 2 « cochons dingues » et 4 oies. Iris vend des produits dans les marchés et gère un gîte, en plus de son travail à la ferme. Ils m’impressionnent. En gros, je crois qu’ils doivent dormir à peu près 4 heures par nuit mais je ne les ai jamais vus bailler.

J’ai rencontré Iris il y a plusieurs années, lorsqu’elle est venue m’acheter Paradis, une jument islandaise. Nous sommes restées en contact grâce aux réseaux sociaux, et lorsque je lui ai demandé si elle était d’accord de prendre mes juments pour une durée indéterminée le temps que je règle quelques affaires familiales, elle a tout de suite dit oui.

Mes deux juments se la coulent douce chez Iris, avec de l’herbe à gogo (mais elles réclament du foin, allez comprendre…). Nous profitons de cette pause pour tenter de mettre Ross à la reproduction. Je sais qu’avec Iris, elle est entre de bonnes mains.

A bientôt pour de nouvelles aventures!

Manue, Charlotte et Louisette